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08/01/2010

(UK) Doctor Who, 2009 Christmas Special : The End of Time, part. 2


"This song is ending, but the story never ends."


Reviewer ce dernier épiode de David Tennant s'est avéré particulièrement difficile, même si une semaine s'est déjà écoulée depuis son visionnage. Lorsqu'un épisode s'inscrit en priorité dans le cadre de l'émotion, mon esprit de critique et d'analyse en oublie ses fondamentaux et le ressenti l'emporte sur la raison. C'est ce qui rend ensuite difficile la rédaction d'une review. Car si The End of Time a eu droit à un accueil globalement mitigé ; j'ai pleinement reçu (et subi) son aspect émotionnel et larmoyant. Oui, je suis une téléphage fleur bleue, doublée d'un coeur d'artichaut.

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The End of Time, part. 2, reprend immédiatement où la première partie nous avait laissé. Nous donnant l'occasion d'entre-apercevoir un peu plus les Time Lords. Après le cliffhanger invraisemblable sur lequel nous nous étions quittés une semaine auparavant, il fallait bien nous proposer une explication sur la situation des Seigneurs du Temps. Une sorte de flashback nous ramène ainsi au temps de la dernière Time War, au moment où les Time Lords suivaient déjà une voie corrompue qu'il n'était plus possible d'accepter, au jour où Gallifrey s'apprêtait à tomber. Conscients que leur chute viendrait d'un des leurs, un renégat qui s'opposait à leurs projets, le Docteur, ils cherchèrent un moyen pour conserver un lien avec la vie et survivre. Si le téléspectateur impatient et excité se retrouve quelque peu frustré de cette brève mise en scène, ainsi que par cette explication lapidaire, elle remplit cependant sa fonction scénaristique principale : poser les enjeux de l'affrontement à venir.

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Parallèlement, le Docteur, prisonnier, nous délivre des scènes d'une intense ambiguïté, pleine de cette étrange complicité qu'il a toujours manifestée à l'encontre du Master. Je n'ai pas toujours été amatrice des excès illustrant la folie de ce dernier, mais leurs dialogues sont absolument magistraux, dans ces quelques scènes, où le Docteur tente de le ramener à la raison, ne souhaitant, finalement, qu'une seule chose : parvenir à le sauver de lui-même, de ce tourbillon d'auto-destruction dans lequel il a engagé son sort, mais aussi celui de la Terre. John Simm est grandiose.

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Heureusement pour le Docteur, les "Cactus" aliens opèrent un sauvetage, maladroit et teinté d'humour, qui tout en détendant un peu l'atmosphère pesante de l'épisode, où l'on ressent par anticipation le futur deuil, leur permet de s'échapper. Ils se téléportent, et se retrouvent coincés, sur un vaisseau en orbite autour de la Terre. Cet environnement en huis clos va surtout permettre au Docteur, de se poser une dernière fois, pour échanger quelques vérités, qui sonnent si justes, avec Wilf. Ce dernier s'impose de plus en plus comme une des figures majeures parmi les différents Compagnons du Docteur. Une figure qui se voit assigner un rôle plutôt rare, une fonction quasi-paternelle, qui place les deux amis sur un pied d'égalité, mais surtout qui est une source de réconfort et de stabilité à un moment où le Docteur en a sans doute plus que jamais besoin. Quelques-uns de ces dialogues, notamment l'échange où Wilf veut donner son revolver au Docteur, sont particulièrement émouvants...

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Sur Terre, le Master veut désormais utiliser ses milliards d'individualités pour retracer ce fameux signal, tourment continuel dans sa tête. J'avoue ne pas trop avoir compris comment ce simple rythme, résonnant dans l'esprit d'un Time Lord, pourra les amener à se sauver de la boucle temporelle dans laquelle le Docteur les a emprisonnés. Mais c'est un postulat qu'il faut admettre, sans trop se poser de question. L'information selon laquelle ce sont les Time Lords qui pointent soudain, à nouveau, le bout de leur nez constitue le catalyseur pour précipiter l'épisode d'un premier tiers très contemplatif, à un passage tourné vers l'action. Car cette nouvelle glace le Docteur, et surtout, lui fait renouer avec le caractère impitoyable et déterminé qu'il montre dans le cadre de certaines situations désespérées. Le fait de se saisir du revolver que Wilf persistait à vouloir lui donner a, avant tout, une portée symbolique majeure, illustrant l'importance et l'impact des Time Lords, par rapport à n'importe quel autre ennemi du Docteur, les Daleks inclus. Une exception unique à ses principes.

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Pour briser un peu la solennité du moment, qui pèse globalement sur un épisode où le téléspectateur se répète à l'envie "c'est le dernier avec Ten", nous sont offertes quelques scènes d'action, avec une descente vertigineuse dans l'atmosphère terrestre, pour finir par un saut en chute libre du Docteur, d'où émanent une urgence et un désespoir marquants. La confrontation avec les Time Lords est forte, mais sans doute trop brève, tant le téléspectateur aurait apprécié de savourer ces personnages hors du commun, conduit par un Timothy Dalton, imposant de charisme. La corruption et la perversion des Time Lords, conséquence de la dernière Time War, éclatent sous nos yeux. La prophétie annonçait un retour. Ce n'était pas le Master, mais bel et bien leur race avec leur planète, et toutes les dérives et extrémités auxquelles la guerre les avaient conduit. Car, peu avant que le Docteur ne les placent hors d'état de nuire, les Time Lords avaient établi un dernier plan léthal... Provoquer the end of time. Déchirer le vortex de l'espace/temps, précipitant toute la Création dans le néant, tandis que les Time Lords auraient fait... l'Ascension (thématique classique s'il en est, familière à tout amateur de science-fiction).

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Le téléspectateur est frappé par le contraste entre la folie puérile, si infantile par moment, du Master et celle froide et détachée des Time Lords. D'autant que la cruauté du destin est encore une fois soulignée. Pour se sauver, alors que leur prédiction indiquait qu'il ne resterait que deux représentants de leur race une fois que le Docteur aurait agi, ils se sont tournés vers le second futur survivant, pour lui implanter de force un lien qui leur permettra, à terme, de revenir : la folie du Master est une création de ses propres congénères. Ce rythme de 4 coups symbolisait le battement des coeurs d'un Time Lord. La révélation change la perspective du téléspectateur sur ces personnages ; de symbolique méchant, le Master se transforme finalement en victime. Victime des machinations de ses dirigeants qui ont sacrifié tout son potentiel pour le faire sombrer et le réduire à cet état pathétique d'instabilité mentale. La boucle va être finalement bouclée, par l'alliance de fait, celle que le Docteur recherchait toujours auprès de lui, entre les deux Time Lords, contre le Lord President et tous ceux qui le suivent.

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Essouflé et étourdi par tant d'intensité, le téléspectateur, comme le Docteur, restent interdits pas le spectacle de Time Lords qui sont renvoyés de là où ils venaient, avec Gallifrey. Et cela, alors qu'il reste encore un bon quart d'heure d'épisode, un dernier acte à jouer qui va résolument verser dans un larmoyant auquel chaque téléspectateur va être plus ou moins réceptif. En effet, avec empathie, nous allons assister à la succession d'émotions contradictoires qui vont assaillir tour à tour le Docteur. Il reste tout d'abord incrédule. Ecorché, mais bien vivant, une fois que le Master a renvoyé les Time Lords, en se sacrifiant par la même occasion. Pourrait-il vraiment survivre à cette aventure, alors même qu'il avait fini par accepter et se résigner à la prophétie des Oods ? Mais le destin sera finalement plus cruel. Ce n'est pas en combattant un ennemi bien identifié que le Docteur mourra. Soudain, quatre coups sur une vitre se font entendre. A la fois tellement insignifiants et qui veulent pourtant tout dire, scellant le sort du Time Lord. Wilf a dû rentrer dans une des salles de contrôle des appareils activés par le Master. La machine étant en surchauffe, ces salles vont être irradiées à un niveau mortel pour l'être vivant qui sera à l'intérieur. Or, il n'est possible de sortir d'une salle, que si quelqu'un d'autre rentre dans l'autre. Voici finalement le sacrifice volontaire que le Docteur va devoir faire. Pour sauver Wilf, il faudra prendre sa place, absorber les radiations, et donc mourir. Le monologue du Docteur à ce moment-là, chargé d'émotions conflictuelles, est particulièrement poignant. David Tennant aura rarement été aussi juste, avec un jeu si bien dosé, que dans les scènes d'introspection de ce double épisode, lorsqu'il laisse entre-apercevoir ses contradictions intérieures.

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L'impression diffuse d'une forme d'injustice, à devoir se sacrifier pour un Compagnon, après que le grand combat ait été gagné, accroît l'intensité émotionnelle de la sortie. D'autant plus que Russell T. Davies, pourtant assez sobre tout au long de cette seconde partie, est décidé à faire durer ces adieux. Les dix dernières minutes font office de véritable conclusion, au revoir artificiel à l'ensemble de ce qui a fait Ten, et plus généralement, Doctor Who sous l'ère de ce showrunner. La symbolique de fin de cycle est exacerbée ; et c'est un peu trop pour le téléspectateur. Bien plus que lors du passage de Nine à Ten, nous avons ici l'étrange impression d'une conclusion. Alors même que le Docteur ne meurt pas, qu'il va se regénérer, Russell T. Davies a décidé de refermer un chapitre de l'histoire du Docteur. Etait-ce utile scénaristiquement de passer dire au revoir à tous ceux qui ont croisé la route du Docteur ces dernières saisons : de Martha et Mickey (désormais mariés ?!) jusqu'à Rose, en passant par Jack... Cela donne le sentiment de faire durer de façon artificielle des au revoir qui s'éternisent, pour exploiter la fibre larmoyante du moment. Certes, j'étais en larmes devant ma télévision. Mais j'aurais préféré un passage de relais plus sobre, où l'on aurait ressenti autant une certaine forme de continuité que la rupture, tandis que cette longue fin insiste surtout sur ce deuxième aspect.

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Enfin, l'épisode se conclut sur la regénération en elle-même, qui va nous laisser un Tardis très secoué dans un triste état. Eleven apparaît dans une brève scène d'introduction, où Matt Smith fait... du David Tennant. Ou du moins du Ten, avec les mimiques de découverte de son nouveau corps. Il n'y a rien à interpréter de cette première introduction, finalement là pour assurer la continuité qui manquait à cette surcharge d'adieux qui lui avait précédé. Il va falloir laisser à la nouvelle équipe du temps et une chance de nous convaincre des orientations futures de la série. J'ai confiance en Steven Moffat. Je suis persuadée que Matt Smith a le potentiel pour faire du bon Docteur. Rendez-vous pour la saison 5 au printemps. Sur ce : Geronimoooo !

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Bilan : Un épisode éprouvant, riche en références à l'univers développé par Russell T. Davies, auquel j'ai dans l'ensemble adhéré. Après une première partie très mitigée, j'avoue que je nourrissais des craintes importantes à l'égard de cette suite. Si les adieux de David Tennant n'auront pas été parfaits, ils furent poignants, intenses, et globalement plutôt sobres, en dépit de quelques glissements dans la deuxième partie de l'épisode. Agrémenté de plusieurs scènes d'introspection du Docteur, chargées d'émotions, il aura marqué les esprits à plus d'un titre.


NOTE : 7,5/10

28/12/2009

(UK) Doctor Who, 2009 Christmas Special : The End of Time, part. 1


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Russell T. Davies ne nous a pas habitué à faire dans la sobriété en écrivant les épisodes de fin de saison. Je m'attendais donc à un condensé explosif et intense, pour ce double épisode signant la sortie du showrunner qui a ressuscité Doctor Who, ainsi que de David Tennant. Autant dire que nous sommes servis, car il s'agit d'un épisode dans le plus typique style de Russell T. Davies, avec ses atouts, mais aussi ses faiblesses structurelles récurrentes. Le plus souvent, face à de tels partis pris, on adhère complètement ou pas du tout. Bref, on aime ou on déteste, sans juste milieu. Mais pour ma part, plus de 48 heures après le visionnage de cette première partie, je suis encore incapable de trancher. Ces quelques lignes ne vont donc constituer qu'une première esquisse du réel bilan que l'on sera à même de tirer une fois la seconde partie de l'épisode visionnée.

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Cette première partie d'épisode témoigne d'un foisonnement d'idées impressionnant, souvent désordonné mais porté par un dynamisme communicatif. Convoqué par des Oods assaillis de cauchemars et de visions d'évènements en marche sur notre planète au XXIe siècle, le Docteur, toujours perturbé par les récents évènements de Mars notamment, met quelques temps à leur répondre. Dans le même temps, sur Terre, tous les habitants font les mêmes cauchemars chaque nuit. Mais tous oublient le lendemain le contenu de leurs nuits agitées. Tous sauf Wilf, le père de Donna, conscient de l'imminence d'une catastrophe et qui sait déjà que seul le docteur pourrait sauver la situation.

Globalement, cette première partie de The End of Time souffre tout d'abord de son format. En effet, il est manifeste que ce double épisode a été écrit pour être visionné d'une traite. La coupure arbitraire et artificielle en deux parties de la BBC n'avait pas été prise en compte dans la construction du scénario, si bien qu'au lieu d'avoir une période d'exposition d'une durée classique de quelques minutes, cette dernière prend bien plus de temps, en somme proportionnelle à la durée totale de The End of Time. En résulte un long début manquant de rythme et traînant quelque peu en longueur ; un épisode absolument pas fait pour être jugé indépendamment de sa suite.

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Le Docteur subit les évènements plus qu'il ne les provoque ou canalise dans cet épisode, arrivant trop tard pour empêcher la résurrection du Master... toujours interprété par John Simm. Les scénaristes ont imaginé une étrange histoire mêlant culte, société secrète et rituel magique, pour permettre au Master de revenir sans regénération. Autant dire que ces premières scènes, décalées même pour l'univers who-esque et qui évoquent au téléspectateur l'épisode de la saison 3 avec Shakespeare qui mettait en scène des "sorcières",  ne figurent pas parmi mes préférées. Elles constituent avant tout un prétexte à vite oublier pour ramener l'ennemi intime du Docteur toujours incarné par un vis-à-vis parfait à David Tennant.

Plus globalement, c'est l'ensemble de ce qui tourne autour du Master qui verse dans une surenchère pas toujours maîtrisée. Dès le départ, les scénaristes choisissent d'accentuer toujours plus la folie du Time Lord. John Simm délivre une excellente prestation dans ce rôle instable de personnage incontrôlable et excessif, marqué par une insanité dérangeante toujours plus profonde. Même si ses "festins" m'ont quelque peu pesé sur l'estomac (sans doute était-ce dû à la coïncidence des repas des fêtes), l'aspect qui m'a paru le plus contestable réside dans les étranges "super-pouvoirs" dont le Master se voit affubler. Sauter à des centaines de mètres de hauteur, lancer des éclairs avec ses mains... sont peut-être des effets de sa résurrection interrompue, mais nous n'avons aucune explication et cela me paraît complètement hors de propos dans l'univers de Doctor Who. Hormis permettre à ceux qui sont en charge des effets spéciaux de s'amuser, je ne trouve pas de justification à cette étrange mise en scène : inutile pour accentuer la dramatisation, elle est surtout perturbante pour le téléspectateur rationnel.

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En dépit de ces éléments, les premières confrontations entre le Docteur et le Master vont offrir une scène sortant du lot, un instant d'étrange compréhension mutuelle, où, pour la première fois, un Docteur effrayé entend le fameux roulement constant qui est la source de la folie du Master. Quatre coups qui se répètent à l'infini, plus intenses que jamais. Peuvent-ils avoir une origine réelle ? Ne pas être simplement une manifestation de la maladie du Time Lord ? "He will knock four times" avait dit le Ood ayant annoncé sa mort prochaine au Docteur.

Par ailleurs, on trouve dans cet épisode d'autres scènes particulièrement magistrales, à commencer par celle qui est sans doute une des plus émouvantes et marquantes que nous est offerte la série : celle de l'échange avec Wilf, au café, qui voit la carapace de protection du Docteur brièvement se fissurer sous le regard plus qu'inquiet du père de Donna. David Tennant délivre ici une de ces plus impressionnantes prestations. Pour le téléspectateur également, voir le Docteur craquer et tenter maladroitement de se reprendre occasionne un brusque pincement de coeur et génère une empathie profonde avec ce personnage qui parle déjà si directement de sa mort. Ce passage d'une intensité émotionnelle rare mérite de rester gravé dans les annales de la série.

L'épisode entier est d'ailleurs placé sous une importante symbolique, regorgeant de références et de petits détails qui ne font que souligner plus avant l'importance et la portée quasi-mythique de l'histoire qui nous est contée. Ce ton est d'ailleurs parfaitement illustré dès la première scène de Wilf entrant dans une église, avec le Tardis du Docteur représenté sur un vitrail.

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Parallèlement, sur le fond, Russel T. Davies décide de repousser toujours plus loin les limites du concept de la série, versant dans une surenchère qui s'auto-nourrit. La brève introduction peu travaillée d'un riche père de famille et sa fille, tellement clichés qu'ils prêteraient probablement à sourire à un deuxième ou troisième degré de lecture, sert de prétexte pour replacer le Master en position de force. Ces deux pseudos "méchants", avant tout inconscients, ont récupéré une machine capable de guérir l'ensemble des êtres vivants sur des planètes entières. Leur motivation n'est pas originale : ils sont en quête d'immortalité. Ils réussissent à mettre la main sur le Master et lui font réparer et reprogrammer la machine... Double inconscience qui va être fatale non seulement à eux, mais surtout à la race humaine dans son intégralité : le Time Lord a modifié la machine de façon à "guérir" les humains en les changeant... en Masters. L'épisode se termine ainsi sur la transformation de l'ensemble des habitants de la Terre en milliards de Masters. La race humaine n'est plus ; et le Docteur se retrouve confronté à un ennemi démultiplié. Ce développement peut être perçu comme un nouveau palier franchi dans la folie du Master, manifestation concrète d'une schizophrénie étourdissante.

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Mais cela ne constitue pas encore le point culminant de la conclusion de l'épisode, où se poursuit une escalade des cliffhangers, offrant des dernières minutes à couper le souffle. Tandis que Donna, qui ne s'est pas transformée en Master, tout comme son grand-père, doit faire face à ses souvenirs qui reviennent brusquement, l'heure se termine sur l'introduction de celui dont la voix nous narrait l'histoire depuis le début : un Timothy Dalton, dont la présence rayonne de charisme, qui se tient devant l'assemblée d'une civilisation oubliée que l'on croyait perdue, les Time Lords. Des Seigneurs du Temps qui ne sont manifestement pas animés d'intentions pacifiques et dont le téléspectateur ne sait trop quoi penser, trop occupé à fixer interdit son petit écran, en jubilant intérieurement devant les possibilités et les ramifications incroyables qui s'ouvrent soudain devant lui face à une telle nouvelle. Nous n'avons pour l'instant aucune explication sur leur retour et son origine (est-ce lié à ce que vient de faire le Master ?). Mais la question effleure à peine le téléspectateur qui, pour le moment savoure, encore sous le coup de l'effet d'annonce, reste juste bluffé et trépignant d'impatience en songeant qu'il va falloir patienter une semaine pour avoir la suite.

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And so it came to pass, on Christmas Day, that the human race did cease to exist. But even then, the Master had no concept of his greater role in events for this was far more than humanity's end. This day was the day upon which the whole of creation would change forever. This was the day the Time Lords returned. For Gallifrey ! For victory ! For the end of time itself !

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Bilan : Cette première partie laisse donc une impression mitigée, avec des instants absolument jubilatoires, et d'autres trop excessifs pour être réellement appréciés. Face à cet ensemble foisonnant d'idées désordonnées, mêlant intuitions originales, réelles bonnes idées et scènes qui laissent perplexes, je reste sur la réserve. Dans tous ses excès, l'épisode s'inscrit pleinement dans le style caractéristique de Russell T. Davies, sorte de respect final rendu par le showrunner à la série qu'il a ressuscitée. On ressent à chaque instant, à travers la symbolique extrême sur-utilisée, le fait que nous nous situons à la fin d'un cycle ; Doctor Who tel que nous l'avons connu va se terminer. C'est un autre chapitre, avec des protagonistes entièrement nouveaux, qui va s'ouvrir avec 2010.

Il faut attendre la seconde partie pour savoir si la sortie de David Tennant sera à la hauteur de ce qu'il a apporté à la série au cours des dernières années ; car ce premier épisode servait avant tout de mise en bouche. Il a posé l'ambiance et les enjeux de cette dernière histoire, il reste à espérer que la suite lui permettra de prendre toute sa dimension.


NOTE : En attente de la seconde partie.


La bande-annonce de la seconde partie :

(Diffusion le 1er janvier 2010 sur BBC1)

27/11/2009

(Mini-série UK) Sex Traffic : thriller choc sur le trafic moderne d'êtres humains


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J'ai consacré ma soirée d'hier au visionnage du DVD de Sex Traffic. Outre les bonnes critiques générales, et les récompenses remportées (8 BAFTA et 4 Gemini Awards), j'avais aussi été attirée par le nom de son réalisateur, David Yates, plus connu pour son chef d'oeuvre, State of Play (Jeux de Pouvoir). Comme ce dernier, Sex Traffic passa en France sur Arte. Cette mini-série anglo-canadienne date de 2004. Elle est composée de deux parties de 90 minutes chacune, soit un récit de trois heures.

A lire le scénario, l'idée de départ me faisait beaucoup penser à cette série belge choc, Matrioshki : le trafic de la honte, qu'avait proposée M6 au cours d'un été il y a quelques années. En effet, Sex Traffic se propose de nous raconter l'histoire de deux soeurs moldaves qui se retrouvent prises dans la nasse des trafiquants d'être humains, pour un séjour qui les conduira jusqu'à Londres, en passant par Sarajevo et l'Italie. Cependant, là où la première optait pour une chronique racontant le quotidien, sans tabou, des filles comme des proxénètes, Sex Traffic, tout en gardant en filigrane cette approche, de par son format plus court, se rapproche plus du thriller, ne souhaitant pas adopter le même ton didactique, quasi-documentaire, que sa consoeur.

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L'histoire commence avec Elena et Vara, deux soeurs vivant en Moldavie. Elena est une jeune mère célibataire ; tandis que Vara flirte avec un petit ami. Ce dernier leur parle constamment de l'el dorado londonien et des perspectives d'avenir meilleures que l'on trouve à l'ouest. Il leur propose un jour l'opportunité de réaliser ce rêve. Mises en confiance par le fait qu'il est un proche, elles acceptent et se retrouvent happées dans un engrenage qui va les broyer. Leur passeport confisqué, elles sont vendues de trafiquants en trafiquants, dans un trajet interminable, qui les conduit à la plaque-tournante de ce commerce écoeurant que constitue Sarajevo. Car, tout simplement, dans cette ville où résident des milliers de soldats occidentaux, la demande en nouvelles filles y est forte.

Si on suit la descente aux enfers des deux jeunes femmes, en parallèle, Sex Traffic développe différentes storylines qui vont toutes finir par se recouper. Tout d'abord, la mini-série s'intéresse aux causes de ce trafic. Et notamment, à l'influence de grandes entreprises privées de pacification et de reconstruction dans ces zones désolées, qui emploient des milliers d'hommes à cette tâche. Figure en tête d'affiche la société Kernwell. D'ailleurs, un de ses employés vient justement d'être renvoyé, arrêté lors d'un raid de police, alors qu'il cherchait à acheter une fille (pour la libérer en réalité). Mais les dérives rencontrées sur le terrain sont bien plus profondément implantées que ces incidents isolés pourraient le laisser croire. Maîtrisant parfaitement sa communication, d'un cynisme capitaliste à toute épreuve, Kernwell est le type d'entreprise qui, tout en connaissant la réalité du terrain, peut organiser une grande soirée de charité à destination d'une association tentant d'aider les femmes victimes de ces trafics. Cependant, l'épouse du patron, avocate, va commencer à se demander si les attaques dont fait l'objet son mari n'ont pas un fondement.

Par ailleurs, Daniel Appleton, membre d'une ONG britannique, dont le travail est de rédiger des rapports sur diverses situations de crise dans le monde, se trouve une nouvelle cause dans laquelle s'investir. En effet, alors qu'il s'était rendu sur le terrain dans le cadre de sa mission d'observation, il est le témoin des pratiques de commerce d'êtres humains, en cours à Sarajevo. Prêt à provoquer un affrontement aux allures de David contre Goliath, il va entreprendre une véritable croisade pour faire éclater la vérité et stopper ce trafic, où locaux comme occidentaux prennent part.

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Sex Traffic se présente donc comme une fiction choc, jouant sur plusieurs tableaux. Tout d'abord, elle nous propose, sans excès, mais avec une sobriété crue qui ne peut laisser indifférent, une plongée dans l'enfer déshumanisant du trafic moderne d'êtres humains, aux côtés de deux soeurs qui vont devoir apprendre à y survivre. Au-delà de ce commerce révoltant, c'est la réification des jeunes femmes qui marque particulièrement. Elles sont réduites à de simples choses, un vulgaire outil de plaisir qu'il faut entretenir un minimum. Cette vision dégradante, présentée de façon neutre, fait froid dans le dos.

Outre cette réalité cruelle, Sex Traffic joue également sur les codes scénaristiques d'un classique thriller. La figure de la multinationale inébranlable, protégeant ce système dans le but de protéger ses propres intérêts, s'impose comme l'adversaire à faire tomber. C'est ici que se trouve peut-être la particularité de Sex Traffic par rapport à d'autres fictions traitant de la même thématique : elle identifie clairement une origine à ce commerce. En ce sens, elle est moins neutre dans son traitement que la très engagée Matrioshki : le trafic de la honte. L'histoire est vraiment scénarisée de façon plus romancée ; et n'a pas la nuance et le caractère un peu abrupt qu'on retrouve chez la série belge. Au fond, tout en gardant ce thème fort et révoltant, Sex Traffic est peut-être mieux calibrée pour être accessible à un public plus étendu (qui reste cependant composé de téléspectateurs avertis). La dernière demi-heure, qui offre une conclusion au récit, illustre bien cet aspect, avec une forme de fausse semi-happy end au goût amer, mais parfaitement conçue pour une fiction télévisée de ce format.

Sur la forme, la réalisation est efficace, tout en sobriété. Du côté du casting également, l'ensemble est très solide, composé de têtes connues du petit écran. De Wendy Crewson (Regenesis), en épouse privilégiée, prenant peu à peu conscience de la réalité, jusqu'à Anamaria Marinca (The Last Enemy), qui incarne une Elena pleine de ressources, gardant le sens des priorités, en passant par John Simm (Life on Mars, State of Play), en obstiné redresseur de torts, tous remplissent parfaitement leur rôle.

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Bilan : Sex Traffic est une fiction choc traitant d'une thématique qui ne peut laisser le téléspectateur indifférent, le trafic moderne d'êtres humains. La description de la descente aux enfers des jeunes femmes et de leur réification progressive marquent profondément. Pour autant, la mini-série ne se contente pas de cette dénonciation ; elle se présente ainsi sous la forme d'un thriller abouti, parfois un peu trop académique et convenu, mais toujours très efficace.


NOTE : 8/10

30/10/2009

(Mini-série UK) State of Play : des jeux de pouvoir immuables

Ce soir, Arte rediffuse une des plus réussies mini-séries britanniques des années 2000 : State of Play (Jeux de pouvoir).

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J'ai beau connaître l'histoire sur le bout des doigts, finir par être capable de réciter certaines scènes par coeur et avoir presque rayé mes DVD à force de visionner en boucle certaines scènes, c'est toujours un plaisir de la regarder à nouveau. Cela reste toujours aussi facile de s'enthousiasmer devant son petit écran, de jubiler devant ces dialogues finement écrits qui sonnent justes, de se prendre au jeu de cette tension qui se construit peu à peu, de se piquer aux relations entre les protagonistes qui se font et se défont, de s'interroger sur la complexité des personnages, d'applaudir devant l'ultime retournement de situation avec l'estomac noué.

C'est un thriller médiatico-politique qui s'interroge sur cette zone d'ombre trouble où évoluent les initiés du pouvoir et sur les pratiques qui y ont cours ; on plonge dans les coulisses et les rouages amers d'une démocratie, des secrets de fabrication dont nous ne sommes normalement pas témoin. Une intrigue prenante et passionnante se déroule et captive rapidement. Si bien qu'une adaptation en film a même été faite cette année par les américains. Autant le dire tout de suite, je n'ai pas réussi à trouver l'envie d'aller y risquer un oeil. C'est difficile de se motiver pour voir rejouer une intrigue simplifiée (6 heures réduites au format d'un film) et américanisée (translation géographique, mais aussi des enjeux derrière la trame principale). Mais surtout, il y a un élément, plus brise-coeur, plus répulsif : le casting original a disparu. Et imaginer State of Play sans Bill Nighy, John Simm, David Morrissey, Polly Walker, James McAvoy... C'est juste blasphématoire.

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Il faut dire que State of Play et moi, cela se joue également sur un plan purement affectif. Mon premier visionnage, c'était au temps où je commençais juste à découvrir la télévision britannique. C'était au temps où je ne connaissais pas encore toutes les têtes familières du petit écran d'outre-Manche. Et ce fut juste le coup de foudre. Du genre à me conduire à aller fouiller la filmographie de tous ces acteurs, pour découvrir d'autres petits bijoux. Je garde encore les noms de John Simm (en dépit de Life on Mars) ou de David Morrissey (Blackpool, Meadowland, etc...) associés en priorité à cette mini-série. James McAvoy conservera toujours à mes yeux cette image de dandy irrésistible, en dépit de sa carrière cinématographique future. Dans mon esprit, seule Polly Walker a pu se détacher de l'image de l'épouse subissant les évènements pour devenir un symbole de Rome.

On a tous, vous comme moi, près de notre coeur de téléphage, quelques séries qui sont particulières. Ce serait trop réducteur de parler uniquement d'une question de qualité. C'est cela, certes, mais bien plus encore. Cela renvoie à l'impact que telle ou telle fiction a pu avoir sur nous lors du premier visionnage, à sa place dans notre expérience téléphagique globale. C'est purement subjectif. Souvent conjoncturel. Tellement personnel. Cela ne s'explique pas en termes rationnels. Je suis certaine que ce sentiment ne vous est pas non plus étranger. Toujours est-il que State of Play est, pour moi, une de ces fameuses séries. Une de ces éternelles et immuables qui occupent mon petit Panthéon personnel du petit écran.

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Si jamais State of Play vous est encore inconnu. Je n'ai qu'un seul conseil : Arte, ce soir, 22h10 (bon, en VF, cela me hérisse un peu car il manquera quand même la savoureuse multitude d'accents offerte par la mini-série ; mais ce sera un début!). Car même si ce billet n'est pas vraiment une critique, je peux bien attribuer une note à cette série, et ce sera sans hésitation, avec tout ma subjectivité :

NOTE : 9,5/10